Problèmes dermatologiques dans le SEDc (SED classique)

Le Syndrome d’Ehlers-Danlos classique (SEDc) présente des caractéristiques cutanées distinctes qui jouent un rôle important dans le diagnostic et la prise en charge de la maladie.

Le derme est l’une des trois couches constitutives de la peau comprise entre l’épiderme et l’hypoderme.  C’est un tissu conjonctif composé d’une matrice extracellulaire, une structure complexe formée d’un réseau très organisé de fibres de collagène, de fibres élastiques et autres. Les fibres de collagène lui servent en quelque sorte d’échafaudage. Dans le SEDc, le gène du collagène 5A1 qui en régule la synthèse est anormal. En conséquence, la fibre est affaiblie et s’effiloche aux extrémités fragilisant ainsi le tissu conjonctif. 

Le SEDc est caractérisé par une hyperextensibilité et une fragilité de la peau, une cicatrisation atrophique ou hypertrophique, des ecchymoses, des pseudo-tumeurs molluscoïdes et des nodules sous-cutanés calcifiés.

Les traumatismes sont à éviter dès le plus jeune âge en privilégiant un environnement sécurisé à la maison.  Le port d’équipements de protection à l’école et lors d’activités sportives est recommandé. 

Les plaies nécessitent un traitement rapide par compression pendant 10 minutes pour en arrêter le saignement avec application de glace entourée d’un linge propre et élévation du membre atteint. 
Vu leur effet antiplaquettaire, les AINS (anti-inflammatoire non stéroïdien) sont à éviter pendant les 24 heures suivant la contusion. 
Ensuite nettoyage de la plaie sous l’eau du robinet, séchage et pansement. Les plaies sous tension qui pourraient s’ouvrir, typiquement les entailles profondes de plus de 2 cm de long, doivent être suturées.  Les sutures seront de préférence effectuées par un chirurgien plasticien dans la couche épidermique et dans le derme profond à « points matelassiers horizontaux » (deux passages de fil par point) plutôt qu’à « points séparés » et devront rester en place deux fois plus longtemps que la normale. Des coupures plus petites au visage se soignent avec de la colle et des stéri-strips.  Utiliser des solvants médicaux pour ôter les pansements vu la fragilité de la peau. Après l’ablation des points de suture, des pansements dits « non-adhésifs » doivent rester en place encore 1 à 2 semaines. Il convient d’éviter les agrafes et de les réserver aux interventions chirurgicales. Une plaie cicatrise généralement en 2 à 3 semaines.  La cicatrisation atrophique est une caractéristique du SEDc. Les cicatrices résultant de plaies ont tendance à apparaître enfoncées ou déprimées sous la surface de la peau et peuvent s’élargir avec le temps en raison de la fragilité de la peau. Elles présentent un aspect mince comme du « papier de soie ». Le diabète, la cigarette, les corticoïdes peuvent en retarder la guérison ; un régime alimentaire équilibré la favorise par contre. Pas de preuve cependant qu’un régime spécifique puisse améliorer la synthèse du collagène, de même pour la prise de collagène ; des bénéfices possibles des vitamines B, C et E et peu d’information au sujet de l’Arnica. Il est avéré que les rétinoïdes améliorent les rides.
Une bonne hydratation de la peau ainsi qu’une excellente protection contre les UV du soleil, l’application de gels de silicone, le camouflage par des produits cosmétiques et éventuellement des traitements laser aux fins d’en éclaircir l’hyperpigmentation, peuvent améliorer l’aspect des cicatrices.

Les ecchymoses sont des saignements sous-cutanés locaux de petits vaisseaux, disparaissant en général sans complications en deux semaines et sans soin médical. Les hématomes par contre sont des accumulations de sang dans les couches profondes de la peau provenant de vaisseaux plus larges.  Ils font saillie sous la peau, sont durs et douloureux. Ils peuvent nécessiter des soins médicaux s’ils sont trop volumineux. Certains peuvent provoquer de sérieuses complications dans le SEDv (SED vasculaire). En présence d’ecchymoses, appliquer le protocole GREC (Glace, Repos, Élévation, Compression) à savoir l’utilisation d’une poche de glace recouverte d’un linge pendant 10 à 20 minutes et à répéter si nécessaire, le repos, la surélévation du membre atteint et en cas de gonflement, la compression à l’aide d’un bandage élastique (à placer par une personne qualifiée pour qu’il ne fasse pas garrot).

Les vergetures peuvent être soignées par des massages, du « « k-taping » (bandes élastiques), des huiles, de la vitamine E mais sans la preuve d’une atténuation effective. Toutefois, beaucoup deviennent moins visibles avec le temps.  e laser réduit les rougeurs mais n’agit pas sur l’aspect cicatriciel des vergetures. Il convient d’éviter la prise de poids. 

La kératose pilaire (accumulation de kératine dans les follicules pileux) au niveau des coudes et genoux se rencontre rarement et, à part l’aspect visuel, ne pose pas de problème.

L’élastose perforante serpigineuse (élimination transépidermique de fibres élastiques du derme) est plus présente dans le SEDv et répond à différents traitements.

Les rougeurs et l’urticaire sont plus fréquemment présents dans le SEDh (SED hypermobile) vu le SAMA (Syndrome d’Activation Mastocytaire) qui se manifeste par une hyperréactivité des cellules immunitaires entre autres de la peau.

Les hormones sont sans effet direct reconnu sur la peau que ce soit à la puberté, lors d’une grossesse ou lors de la prise de la pilule contraceptive.  Le traitement hormonal de substitution ne connaît pas de contre-indication. 

Un vieillissement prématuré de la peau est principalement attribuable au soleil.  Aussi avec l’âge, la peau, contenant moins de collagène et de fibres élastiques, devient plus fine et plus distendue.  L’application d’un écran solaire dès le plus jeune âge peut aider à réduire les effets potentiels du soleil sur le vieillissement cutané.

Maquillages permanents et tatouages sont déconseillés en raison de la diffusion de l’encre hors de l’endroit souhaité.

Les interventions chirurgicales requièrent des précautions particulières pour minimiser le risque de complications vu la fragilité tissulaire.

L’ablation des pseudo-tumeurs molluscoïdes par chirurgie plastique peut être envisagée pour des raisons psychologiques ou esthétiques en réponse à une préoccupation émotionnelle.

Les patients SEDc ne sont pas sujets à d’autres problèmes/pathologies significatives de la peau.

Source : EDS ECHO Conference – April 2022 – Classical EDS – Dr N. Burrows, Consultant Dermatologist, UK
Conférence suivie, traduite et résumée par le GESED asbl 

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